La place du proche aidant face à la maladie ou à la fin de vie : entre amour, responsabilité et oubli de soi
- couleurplumeasso
- 1 juil.
- 4 min de lecture

Quand la maladie frappe, ou qu’une fin de vie se dessine, tout l’équilibre d’une vie peut basculer. Pour la personne malade bien sûr, mais aussi pour celui ou celle qui devient aidant, souvent sans s’y attendre, sans préparation, sans soutien. Le proche aidant, c’est ce conjoint, cet enfant, ce parent, ce frère ou cette amie qui, par amour et par loyauté, s’engage chaque jour à accompagner la personne malade ou en fin de vie, parfois jusqu’au dernier souffle.
Derrière cette mission précieuse et silencieuse se cache une réalité humaine intense, parfois douloureuse, faite de fatigue, de doutes, de courage et d’un profond oubli de soi. Mettre en lumière la place du proche aidant, c’est reconnaître tout ce qu’il traverse, tout ce qu’il donne, et tout ce qu’il a besoin de recevoir, lui aussi.
Le rôle du proche aidant auprès d’une personne malade ou en fin de vie
Accompagner un proche malade ou en fin de vie, c’est bien plus qu’un soutien pratique. C’est un engagement de chaque instant, souvent émotionnellement bouleversant. Le proche aidant devient un pilier : il gère les soins, coordonne les rendez-vous médicaux, prend des décisions parfois complexes, tout en maintenant une présence affective stable pour l’être aimé.
C’est un rôle hybride, entre infirmier improvisé, interprète face au corps médical, soutien moral, présence rassurante, gestionnaire, veilleur et parfois même protecteur du lien familial. La frontière entre l’amour et la responsabilité devient floue. Et souvent, l’aidant s’oublie.
Une relation intensifiée… et bouleversée
La maladie grave ou la fin de vie change profondément la dynamique relationnelle. Le proche n’est plus seulement un compagnon de vie ou un membre de la famille, il devient l’accompagnant de la vulnérabilité de l’autre.
Il voit l’être aimé souffrir, décliner, s’éteindre peu à peu. Il est le témoin de l’impuissance, de la peur, de la douleur. Et pourtant, il reste. Il tient bon. Il soutient.
C’est dans cette relation intensifiée que beaucoup d’aidants puisent une force insoupçonnée, mais aussi un chagrin qui s’installe bien avant le deuil, ce qu’on appelle parfois le deuil blanc : on perd l’autre par petits morceaux, jour après jour.
L’épuisement silencieux des aidants
Ce rôle, si naturellement endossé, peut devenir une source profonde d’épuisement. Selon les études, plus de la moitié des proches aidants ressentent une fatigue intense, une charge mentale lourde, et parfois une solitude écrasante.
Ils vivent des émotions complexes : amour, culpabilité, impuissance, colère, tristesse, peur de mal faire… Ils veulent être à la hauteur et s’interdisent souvent de craquer.
Ils cachent leurs larmes pour ne pas alourdir le cœur de la personne malade.
Et pourtant… qui prend soin de l’aidant ?
La difficulté de demander de l’aide
Nombreux sont les aidants qui ne se reconnaissent pas dans ce mot. Ils disent : “Je fais ce que n’importe qui ferait”, “C’est normal”, “Je ne vais pas me plaindre”. Ils minimisent leur rôle, leurs besoins, leur douleur... Ils s’oublient.
Ils ont parfois du mal à accepter de l’aide, par peur de déranger, par sentiment de devoir, ou par manque de solutions claires. Ils craignent aussi que leur absence ou leur relâchement n’impacte l’être aimé.
Mais être aidant ne signifie pas être surhumain. On peut aimer profondément et avoir besoin de souffler. On peut veiller sur l’autre et avoir besoin d’être soi aussi accompagné.
La place du proche aidant : entre loyauté et perte de repères
Lorsqu’on accompagne une personne en fin de vie, on vit dans une temporalité particulière. Chaque moment peut être le dernier. Chaque geste compte. Chaque silence pèse.
L’aidant peut ressentir une perte de repères : il ne sait plus s’il est encore un fils, une épouse, une sœur, ou déjà le témoin d’un départ. Il vit au rythme de l’autre, suspendu à ses besoins, ses douleurs, ses sursauts d’énergie ou ses reculs.
Cette loyauté est belle. Elle est souvent inconditionnelle. Mais elle peut aussi mener à un effacement de soi.
Et après ?
Quand la fin arrive, l’aidant entre dans une nouvelle phase. Le silence laisse place à l’absence. Mais le corps et le cœur sont encore marqués par des mois, parfois des années d’investissement total. Le deuil ne commence pas à la mort. Il a commencé bien avant. Et pourtant, le proche aidant redevient invisible, comme si son rôle s’arrêtait là.
Alors qu’il aurait tant besoin, à ce moment-là aussi, d’un espace pour déposer, pour comprendre, pour panser.
Offrir un espace d’écoute et de répit à l’aidant
C’est pour cela que l’accompagnement du proche aidant est indissociable de celui de la personne malade ou en fin de vie. Il ne s’agit pas de faire à sa place, mais de l’aider à ne pas s’effondrer. De l’autoriser à dire ce qu’il ne peut dire devant son proche. De lui rappeler qu’il a, lui aussi, une vie, un corps, une âme à préserver.
Chez Couleur Plume, les accompagnants permettent aux aidants d’être accueillis dans un cadre sécure, chaleureux, apaisant, où ils peuvent exprimer ce qu’ils n’osent pas dire ailleurs. Ils peuvent déposer leurs émotions, relâcher les tensions physiques, reprendre contact avec eux mêmes.
Reconnaître, soutenir, honorer
Le proche aidant n’est pas seulement un “accompagnant” : c’est un être humain en chemin, touché lui aussi, traversé de peurs, de fatigue, de tendresse et de chagrin. Reconnaître sa place, ce n’est pas le faire passer avant la personne malade, c’est lui offrir l’espace de continuer à tenir debout, pour qu’il ne s’épuise pas, pour qu’il ne s’effondre pas à son tour.
C’est lui dire : “Tu as le droit d’être fatigué. Tu as le droit de demander. Tu as le droit de vivre, même quand l’autre va mal ou est déjà parti ”
Les aidants ont le droit d'exister !
Accompagner une personne malade ou en fin de vie est un acte d’amour d’une puissance inouïe. Mais cet amour mérite lui aussi d’être soutenu, reconnu, entouré. Le proche aidant donne tant… qu’il ne faudrait jamais oublier de lui redonner aussi.
À tous les aidants qui, chaque jour, veillent, tiennent, rassurent, aiment : vous avez votre place. Et vous avez le droit d’exister, vous aussi.
Si vous ressentez le besoin de souffler, de parler, ou simplement d’être accueilli dans ce que vous vivez, les accompagnants Couleur Plume sont là pour vous offrir toute l‘attention que vous méritez.
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